Imprimerie Quinsac à Toulouse

La PHOTOTYPIE en trois couleurs

   Au début des années 1880, Louis Ducos du Hauron a enfin compris qu'il fallait arrêter ses fastidieux « bricolages » pour s'attaquer à de vrais procédés industriels. Il s'adresse alors à un imprimeur toulousain, André Quinsac, spécialiste renommé en phototypie... et arrive à le convaincre de superposer trois impressions en repérage sur le même support, avec trois encres transparentes aux couleurs judicieusement choisies.

   Les premiers essais sont encourageants, ce qui hâte la constitution de la Société Agenaise, réunissant amis et financiers, et destinée à soutenir les recherches de Louis Ducos en gérant l'atelier toulousain.

   Pendant quelques années, notre inventeur va se trouver livré à lui-même. En effet, son frère Alcide est obligé de quitter momentanément sa famille car il vient d'être nommé à la Cour d'appel d'Alger. Louis se partage donc entre Agen et Toulouse et se consacre entièrement à ses nouvelles recherches sur les filtrages, les encres, les contre-types... dans une ambiance parfois conflictuelle avec son chef d'atelier. Nous avons des détails sur cette période car Alcide se tient au courant et échange de nombreux courriers avec notamment Georges Tholin, son collègue de la Société Académique d'Agen.

Ci-dessus : la reproduction d'un tableau de Raphaël "La Vierge à la chaise". (Archives départementales de Lot-et-Garonne)

 

Ci-contre : le château-fort de Lourdes.

La réussite des paysages est encore aléatoire, mais celui-ci est plutôt bien rendu. (Archives 47)

La "triplice" confirmée par l'imprimerie

Simulation CMJ + noir (nous ne possédons pas les monochromes du créateur) et la superposition des trois encrages (ci-dessus) qui donne cette belle épreuve (Archives départementales du 47).

   Lorsqu'on se reporte à son traité de 1897 « La triplice photographique et l'imprimerie », on comprend que Louis Ducos a désormais une vision scientifique et moderne du problème de la couleur. Il n'a plus de doutes sur ses filtrages, ni sur ses monochromes (dont nous avons plusieurs exemples) qu'il désigne à présent par les appellations ; cyan, magenta, jaune (CMJ). Mais vous verrez (dans le PDF à télécharger) que son adaptation à la phototypie n'a pas été évidente.

   Sur les natures mortes et les reproductions de tableaux : pas de problème. On atteint presque la perfection... Mais pour les paysages aux lumières fluctuantes, il faut absolument réaliser les trois poses au même instant. Il conçoit pour cela divers appareils à miroirs ou à trois objectifs permettant de rattraper les différences de sensibilité chromatique des trois émulsions.

   Les épreuves de cette époque conservées au musée d'Agen ou aux Archives départementales sont parfois de qualités inégales... mais les images de Lourdes (datant de 1883) sont tout à fait remarquables.

   De l'autre coté de la Méditerranée, Alcide ne se fait plus d'illusions : il ne pourra revenir en métropole. En avril 1884, sa femme et ses enfants le rejoignent... et son frère Louis également. Des vacances ? Pas vraiment. Il va poursuivre ses recherches, avec autant d'acharnement.

L'imprimerie Quinsac à Toulouse où Louis Ducos réalisera ses premières impressions photos trichromes. Il utilise le principe de la phototypie.

Mais l'atelier sera détruit en 1885 par un incendie.


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Quinsac, Toulouse : la couleur par l'imprimerie
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