Les dernières acquisitions du musée Niépce

René Dreuil et Joël Petitjean photographiés devant l'entrée du musée Niépce de Chalon-sur-Saône.
René Dreuil et Joël Petitjean photographiés devant l'entrée du musée Niépce de Chalon-sur-Saône.

    Dernières découvertes... c'est une façon de parler. En fait, elles remontent à 1983. Depuis, elles ont été étudiées, acquises par le Musée Niépce de Chalon-sur-Saône en 2002 et sauvegardées... mais n'ont été rendues publiques que récemment.

    Nous nous sommes rendus à Chalon rencontrer le découvreur de ce fonds précieux (riche de plus de 300 pièces) : Joël Petitjean. Nous avons réalisé son interview afin de l'offrir (en bonus) avec le DVD / Blu-ray du film que nous proposerons pour le Centenaire DUCOS de 2020 (voir page suivante).

 

     Nous avons donc pu admirer les pièces les plus emblématiques de cette découverte. Cela méritait bien un nouvel article sur notre site.

Quelle est la première photo-couleur de l'Histoire ?

     Cette fameuse diaphanie de « feuilles et pétales de fleurs » (collection musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône)  est considérée par les historiens du monde entier comme étant la première couleur de l'Histoire (celle qui aurait été présentée le 7 mai 1869 à la Société française de Photographie). Or, il suffit de relire les écrits et témoignages de Louis Ducos pour comprendre que cela ne correspond pas. D'une part, cette diaphanie n'a été présentée à la SFP que l'année suivante (70), et d'autre part, il était question d'un sandwich de trois monochromes. Celui-ci a été perdu, et l'image que nous connaissons n'est qu'un retirage tardif – en collotypie – (certes réalisé par Louis Ducos d'après les clichés originaux).

 

     Les deux premières couleurs (présentées en 1869) représentaient : un disque à 12 secteurs colorés et la reproduction d'une image de « paysage aux couleurs exaltées » (?) obtenue « sans le secours de la chambre noire ». De nombreux négatifs de disques à 6 ou 12 secteurs ont été retrouvés (voir ci-dessous) et, d’après Joël Petitjean, le négatif attenant et son monochrome bleu (les autres éléments ayant été perdus) pourraient correspondre à la seconde héliochromie présentée.

Vues de Lectoure et tentatives d'héliochromies

     Par contre, il a été retrouvé divers négatifs, pris à Lectoure (Gers) en 1868-69 (vraisemblablement depuis la terrasse de la maison occupée par les frères Ducos), ainsi qu'un sandwich de trois monochromes. C'était sans doute la toute première tentative d'héliochromie de paysage d'après nature (avant celles d'Agen, de 74 à 77) mais le résultat était tellement médiocre que Louis Ducos n'en a jamais parlé. Ci-dessous : voici les vestiges, très abîmés, cet essai.

Les négatifs (venant de la chambre classique ou celle à trois objectifs) sont excellents. Par contre, le monochrome bleu qui en a été tiré comme le sandwich final, sont en très mauvais état.
Les négatifs (venant de la chambre classique ou celle à trois objectifs) sont excellents. Par contre, le monochrome bleu qui en a été tiré comme le sandwich final, sont en très mauvais état.

Deux monochromes de la fameuse diaphanie

     Le fonds inventorié par Joël Petitjean comporte énormément de négatifs papier, des bouts d'essais et de nombreuses notes... mais aussi des photos de famille. Nous savions que Louis Ducos s'était construit une chambre à trois objectifs en triangle, dès le début de ses expériences, pour réaliser ses trois clichés simultanément. Aujourd'hui nous en avons la preuve puisque nous avons retrouvé les négatifs correspondant (ci-contre).

   Mais surtout, quel n'a pas été notre émerveillement de reconnaître les deux monochromes transparents sur micas de la fameuse diaphanie de 1870 (uniquement le bleu et le jaune, ci-dessous).

     Voilà ! La boucle est bouclée. Tout cela sera commenté dans le détail par Joël Petitjean dans le bonus qui sera livré avec le film « LDH : la photo prend des couleurs ».