La photographie passe à la couleur

      Dès les débuts, les pionniers de la photographie ont rêvé de capter les couleurs. Il est probable que Daguerre y ait cru. Lui comme tous ceux qui voyaient parfois apparaître de curieuses colorations sur les produits utilisés ou sur les plaques d'argent polies. Mais tout cela était aléatoire et les images obtenues bien éphémères.

 

      Pourtant, pendant plus d'un demi-siècle, des photographes, des expérimentateurs infatigables vont tout essayer afin de découvrir la surface miraculeuse « la surface caméléon (dira Alcide Ducos du Hauron) capable de prendre la couleur de la lumière ».

 

      [ Cette page, assez succincte, résume le contenu du PDF sur la couleur à télécharger. A noter que ce chapitre a déjà été développé dans les pages consacrées à Louis Ducos du Hauron.]

Des chimistes en quête d'une "méthode directe"

Le photo interférentielle vaudra un prix Nobel à Gabriel Lippmann mais elle n'entrera jamais dans la pratique.
Le photo interférentielle vaudra un prix Nobel à Gabriel Lippmann mais elle n'entrera jamais dans la pratique.

      Dans les années 1840-1850, chimistes et physiciens vont donc mener des recherches dans le cadre de ce que l'on appellera la « méthode directe ». Ce rêve n'était pas tout à fait fou puisque divers chercheurs vont arriver à quelques résultats.

      En 1848, Edmond Becquerel captera les couleurs du prisme... inaltérables... si on les conserve dans le noir. Et surtout, en 1891, Gabriel Lippmann mettra au point sa « photographie interférentielle »... certes géniale, mais qui ne pourra jamais sortir du laboratoire.

 

      Ce sont les chimistes qui vont s'acharner le plus longtemps pour essayer de fixer durablement les maigres résultats obtenus. Seule la méthode dite « par décoloration » va, à la longue, permettre la mise au point, en 1906, d'un papier de tirage photographique... qui sera repris, bien plus tard sous l'appellation « Cibachrome ». Un produit remarquable permettant les agrandissements directs de nos diapositives couleur.

 

Ci-dessous, le fameux spectre solaire que Becquerel arrivera à capturer.

La trichromie apporte la solution

      Au même moment (années 1860), deux chercheurs inspirés vont faire le choix d'une « méthode indirecte ». Ils ont théorisé les principes nouveaux de la trichromie et vont décomposer leur image couleur en trois images N/B prises à travers les filtres RVB (rouge, vert, bleu), et imaginer qu'ils pourront recomposer les couleurs en additionnant ces images N/B pareillement filtrées.

      Le plus curieux, c'est que ces deux chercheurs ne se connaissent pas, mais qu'ils présenteront tous deux leur procédé le même jour, le 7 mai 1869, à la Société française de photographie (SFP). Il s'agit de Charles Cros et de Louis Ducos du Hauron. Seul ce dernier aura été capable de présenter des épreuves... ce qui lui vaudra le titre « d'inventeur de la photographie des couleurs ».

 

      Pour comprendre ce qu'ils ont réellement proposé, il faut faire la différence entre les deux formes de synthèses de la trichromie : l'additive, la soustractive. Lorsque l'on additionne des lumières RVB sur le même écran, on réalise une synthèse additive. Lorsque l'on mélange des pigments sur une palette ou lorsque l'on superpose des gélatines sur une table lumineuse, on réalise une synthèse soustractive.

      Ces deux grands principes ont chacun leurs applications et notre inventeur (LDH) les a tous deux explorés. Dans les années 1870, il a produit ce qui est appelé des héliochromies aux gélatines. Dans les années 1880-1890 il a poursuivi sa production couleur en phototypie. C'est ce principe de synthèse soustractive qui est à la base de toute la photo argentique et de tous les procédés d'imprimerie.

      Coté additif, toujours dans les années 1890 : les projections trichromes connaissent de gros succès ; divers appareils baptisés chromoscopes permettent de reconstituer virtuellement les couleurs ; puis au tout début du XXe on voit arriver sur le marché les plaques à réseaux colorés... le plus réussi et le plus connu étant le réseau à grain de l'autochrome lumière. À partir de 1907, il règnera en maître durant plus d'une trentaine d'années.

 

      Enfin, la photo numérique a redonné à l'additif ses lettres de noblesse puisque les capteurs fonctionnent sur ce principe, comme nos écrans d'ordinateurs ou de télévision qui juxtaposent des millions de diodes microscopiques RVB afin de restituer les couleurs.


Pour plus de précisions - et de nouvelles révélations - sur l'avènement de la couleur, vous pouvez télécharger le document PDF ci-après... ou consulter les pages Ducos du Hauron.

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Naissance PHOTO-COULEUR
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