Les précurseurs... la découverte : NIEPCE, DAGUERRE

 

 

     Une définition : le terme photographie date de 1839 et il a été popularisé par le chimiste anglais John Herschel. Il regroupe l'ensemble des techniques utilisant l'action de la lumière afin de créer des images. La photographie fait donc intervenir les technologies de l'optique, de la chimie, accessoirement de la mécanique et de l'électricité, et aujourd'hui, de l'électronique et de l'informatique.

 

 

John Herschel (1792-1871)

chimiste anglais (mais aussi astronome, physicien, philosophe...)

découvrit le moyen de fixer les images et imposa le terme PHOTOGRAPHIE

     Rappelons tout d'abord que certains phénomènes optiques sont connus depuis l'Antiquité. Que le savant arabe Alhazen avait parfaitement décrit dans son Traité d'optique (1015-1021) : la perception visuelle, les lentilles et miroirs, la réflexion, la réfraction et diverses illusions optiques.

     Souvenons-nous que Léonard de Vinci, le génie universel, symbole même de la Renaissance, comme ses prédécesseurs, utilisait la caméra obscura pour dessiner dans le noir la faible image projetée sur un écran par le sténopé (petit trou dans la paroi opposée).

     Une camera obscura qui va se perfectionner, et se miniaturiser lorsque l'Italien Matéo Alvise Barbaro remplacera le petit trou par une lentille. Et c'est sur ce principe que diverses « machines à dessiner » vont voir le jour.

     En fait, l'appareil photo est né !

Nicéphore Niépce... ses découvertes

     Nicéphore Niépce est né en 1765 (donc, sous le règne de Louis XV) à Chalon-sur-Saône, dans une riche famille bourguignonne. Il suit des études... qui auraient dû le mener vers une carrière ecclésiastique. Mais la vocation n'y est pas et, en 1792, il s'engage dans l'armée révolutionnaire... puis il se fait réformer et il se marie.

     De retour en bourgogne, il gère les propriétés de la famille et travaille, avec son frère aîné, sur diverses inventions : un moteur à explosion baptisé le « pyréolophore » (breveté en 1807), un perfectionnement de la « machine de Marly », la teinture au pastel... etc. C'est dire son éclectisme.

     Ses recherches héliographiques ne débuteront qu'en 1816. Et déjà, dans une lettre adressée le 5 mai à son frère, il semble qu'il arrive à un résultat. Il obtient un négatif (déjà de la fenêtre de son domaine à Saint-Loup-de-Varennes) mais qu'il n'arrive pas à fixer.

     Après avoir testé diverses alchimies, il utilise en 1822, le bitume de Judée, car il lui découvre la propriété de durcir (et de devenir insoluble) lorsqu'il est exposé à la lumière solaire.

     Il enduit une plaque de cuivre avec son vernis au bitume, l'expose au soleil sous un cache aux formes quelconques (ou sous un dessin sur verre ou papier), la rince aux solvants, ce qui dégage le métal aux endroits non exposés. La plaque est alors rongée à l'acide... et elle peut ainsi servir à imprimer une estampe. « la réussite est totale » dit-il à son frère en 1824. Il vient d'inventer ce qu'il appelle l'héliographie. Une impression est parvenue jusqu'à nous : c'est le « Petit cheval », et elle date de 1825.

Première photographie de l'Histoire. Cette image au bitume de Judée est l'unique vestige que nous ayons retrouvé de l'époque de la découverte.
Première photographie de l'Histoire. Cette image au bitume de Judée est l'unique vestige que nous ayons retrouvé de l'époque de la découverte.

     L'étape suivante va consister à exposer sa plaque (en étain cette fois) dans une chambre noire. Sauf que le temps de pose est considérablement plus long. Les chercheurs du CNRS qui ont reconstitué l'expérience parlent de plusieurs jours en plein soleil.

     En 1826-1827, il reprend donc le même « point de vue du Gras » d'une fenêtre de sa propriété et réalise ainsi ce que l'on considère – dans le monde entier – comme la première photographie de l'Histoire. Un seul original a été retrouvé. Il se trouve aux États-Unis (téléchargez le PDF pour plus de précisions).

     Les images que nous connaissons ne sont que des tirages renforcés bien ultérieurs.

     L'image est de médiocre qualité et Niépce en est bien conscient. Durant plusieurs années il va essayer d'autres produits, d'autres procédés pour tenter de l'améliorer.

L'association Niépce / daguerre ---  1839 : le daguerréotype

     En 1827, les travaux de Niépce parvinrent aux oreille d'un certain Daguerre. Un peintre parisien produisant des spectacles visuel dans ce qu'il appelait le Diorama. Il se manifesta en prétendant qu'il poursuivait des recherches similaires. D'abord méfiant, Niépce profita d'un séjour à Paris pour le rencontrer... et il fut séduit.

     Ils se mirent à communiquer et en 1829 signèrent un contrat d'association afin de perfectionner la découverte.

     Ils travaillèrent sur de nouveaux principes et mirent au point leur physautotype. Leur nouveau vernis était plus sensible que celui au bitume et le support était une plaque de verre. Nous ne connaissons qu'une reproduction d'une des épreuves originales de cette époque (celle-ci ayant disparu), c'est la fameuse « table servie ».

     Malheureusement, Niépce fut victime d'une attaque et mourut en 1833. Daguerre poursuivit seul ses recherches en s'orientant vers l'iodure d'argent. Le support : une plaque de cuivre recouverte d'argent poli et exposé aux vapeurs de cristaux d'iode. En 1-2-3 heures, l'iodure noircissait et l'image fournit par la chambre s'inscrivait sur la plaque. C'était encore bien long... jusqu'à ce que Daguerre découvre le principe de l'image latente et de sa révélation aux vapeurs du mercure. Enfin en 1837, il parvint à fixer cette image dans une solution chauffée de sel marin. Notre complément à télécharger fait le point sur ces divers miracles.

     Très fier de lui, Daguerre baptise sa découverte – daguerréotype – qu'il s'empresse de présenter au tout-Paris ainsi qu'au savant réputé (et homme politique) qu'est François Arago. Celui-ci présente le procédé à l'Académie des sciences le 7 janvier 1839. A la suite de quoi l’État français fera l'acquisition de l'invention pour en faire « don à l'Humanité ».

     Donc, à partir de 1839, la daguerréotypie va partir à la conquête du monde. On ouvre partout des ateliers, on fabrique des centaines d'appareils différents, on réalise des milliers d'images (et beaucoup de portraits). New-York comptera quelque 80 studios en 1850. Mais l'histoire du daguerréotype sera de courte durée.

     Et comme Daguerre avait quelque peu occulté le rôle de Niépce, son associé, il passera, pendant quelques décennies, pour l'unique inventeur de la photographie.


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